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Critique

Richard Gotainer « Saperlipopette »

Saperlipopette Gotainer
À notre grand étonnement et pour notre plus grand plaisir, le chanteur et humoriste Richard Gotainer fait son grand retour après près de dix ans d'absence, avec un album studio intitulé « Saperlipopette (Or Not Saperlipopette) ».

Le trublion binoclard de la chanson française est surtout connu pour nous avoir hanté dans les années quatre-vingt avec ses tubes électroniques dansants comme « Le Mambo du décalco », « Le Youki » ou « Primitif ».  

L’artiste nous revient en forme à plus de septante balais, toujours fidèle à lui-même, avec neuf succulentes nouvelles pépites aux ambiances à la fois rock, électro 80's, jazzy, pop, country-blues ou biguine. Les musiques variées, festives et entêtantes ont été composées par son ami multi-instrumentiste et compositeur Michael Lapie.

Les chansons, croustillantes et jubilatoires, se montrent  bien garnies de jeux de mots, d'humour, de double sens et d’injures d'antan. Son language irrévérencieux assumé lui sert à démontrer la pauvreté de la langue française aujourd’hui où l’on se contente bien trop souvent  d’insultes simples, faciles et banales (notamment sur les réseaux sociaux).
Les textes signés de main de maître par notre artiste, nous racontent des histoires truculentes ou malicieuses, bien ancrés dans notre époque.

L’opus démarre en force avec un hymne à la liberté langagière « Saperlipopette », le titre truffé de gros mots aborde l'irrévérence élégante et transforme le vocabulaire décadent en une sorte d’érudition littéraire : « Quoi de plus savoureux, de plus jubilatoire, qu'un gros mot bien juteux pour fleurir une histoire/D'une couille bien placée, d'un trou d’bal bien senti/Et la phrase étriquée se transmute en saillie »... « Je vénère ces bon gros chibre, chagatte , baloche »/« Ressortons ces joyaux du fond de nos sacoches »/« Laissons aux aboyeurs leurs manières de clébards »/« Et hissons la verdeur à l’étage du grand art ».


Ensuite, dans la chanson « J'veux pas aller au paradis », il parle des plaisirs de l'enfer et suggère qu’il préfère rester un gentil voyou. Tandis que le décalé et l’entêtant « Les moutons », caché sous le couvert de la plaisanterie, évoque la bêtise humaine en politique et la tendance qu’ont les humains à avoir le comportement de « moutons de Panurge ». Plus loin, le chanteur évoque l’importance de l'amour et de la séduction avec les morceaux « Baisers mouillés » et « Je te oins, tu me oins ». 

Le disque se clôture avec la plage « Un chat est un chat », une critique sans détour sur le dictat du politiquement correct dans notre monde. Le sujet lui est venu après une discussion avec un ami où ils évoquaient le fait qu’on n’ose plus dire les choses. Par exemple : Les aveugles deviennent des non-voyants, les sourds sont des malentendants, les concierges se transforment en techniciens de surface, etc...


Bref, dans ce disque, notre amuseur de génie souvent sous-estimé nous honore d’un ensemble intelligent et savoureux qui remet au goût du jour les vocabulaires riches imagés et réhabilite les grossièretés presque oubliées comme « palsambleu », « morbleu » ou « crotte de bique ». Derrière la façade amusante et légère des titres se cache une véritable réflexion sociétale !  

 

À découvrir !
Lépinois Céline