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Critique

ELOGE DE L'OMBRE

publié le par Daniel Schepmans

Notre monde surexposé à toutes les visibilités aurait peut-être bien besoin de s'inspirer de ce pas de côté dans la discretion

Sommaire

Eloge de l’ombre est un livre culte et est devenu incontournable si on veut goûter à l’art japonais de la pénombre. En voici un petit extrait pour en situer l’enjeu.  "...ce que l'on appelle le beau n'est d'ordinaire qu'une sublimation des réalités de la vie, et c'est ainsi que nos ancêtres, contraints à demeurer bon gré mal gré dans des chambres obscures, découvrirent un jour le beau au sein de l'ombre, et bientôt ils en vinrent à se servir de l'ombre en vue d'obtenir des effets esthétiques."

Tanizaki suit l’ombre à la trace et avec beaucoup d’humour il dessine ce fameux éloge en l’opposant à la surexposition à la lumière dans laquelle nous baignons tellement que nous avons fini par la naturaliser. Mais il va beaucoup plus loin que cette simple mis en opposition et sans en avoir l’air tant la poésie de son propos est subtilement inscrite dans la familiarité et le quotidien, il fait apparaître un autre monde, des autres visages et des autres objets, il réécrit nos sensations les plus familières et transforme en pensée la matière même jusqu’à nous faire prendre conscience qu’une toute autre perception des choses sommeille peut-être là quelque part.

Notre monde surexposé à toutes les visibilités aurait peut-être bien besoin de s’inspirer de ce pas de côté dans la discrétion. (DS)