Sur la frontière

Que faisons-nous des frontières ? Et que font-elles de nous ?

A deux kilomètres de l'endroit où je suis né, quatorze ans et un mois plus tôt, une frontière est tombée. Ou plutôt elle s'est déplacée. Et la moitié de ma famille a changé de nationalité, certains pour la troisième fois.

Si rien ne la marquait, nous savions que l'histoire nous distinguait de celui qui avait toujours vécu, de l'autre côté: de "l'ancien Belge".

Les drapeaux me sont indifférents, mais les frontières me sont familières.

Roumanie, Norvège, Sénégal, Berlin, Irlande, côtes de la Manche, je me tiens sur la ligne, comme on se tient sur son seuil. De là, je peux regarder le dehors ou le dedans. Côtoyer ceux d'ici ou ceux de là-bas.

Plus intimement encore, je perçois la frontière comme une peau. Celle de la main qui repousse, frappe, gifle, peut-être, mais surtout celle qui approche, effleure, caresse, embrasse. La frontière peut être belle si elle est la peau qui distingue les amants !

Cartes, photos, coupures de journaux viennent illustrer ce reportage poétique accompagné de vidéos.

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