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Focus

Quai10 de Charleroi : entretien avec Lucile Loewer

Quai10
Au croisement du cinéma, du jeu vidéo et de l’éducation permanente, le Quai10 de Charleroi est une institution multi-facette à la programmation hétéroclite. PointCulture a rencontré sa responsable de la communication, Lucile Loewer.


> PointCulture : Parmi une programmation pour le moins éclectique, on peut citer plusieurs dates engagées, à l’image d’une projection dans le cadre du
festival Alimenterre (Ceres, ce mercredi 13 octobre), ainsi qu’un cycle baptisé « Wake-Up ! » autour des thématiques de la crise climatique, de la croissance et de la dette. Dans quelle mesure cela reflète l’identité de l’institution et les missions que celle-ci s’est données ?

> Lucile Loewer : A la base, le cycle « Wake-Up ! » est une demande de Financité, le réseau de finance solidaire avec lequel on a partagé des bureaux pendant plusieurs années. Ils sont venus avec cette demande de réfléchir à un événement commun qui pourrait intéresser leur audience mais aussi faire en sorte, pour nous, d’attirer un public qui ne vient pas forcément au Quai10, voire même pas au cinéma de manière générale. Entre temps, on a étoffé l’équipe pour avoir une personne à temps plein qui travaille sur de l’éducation permanente. Depuis lors, on co-construit des projets en fonction des demandes des partenaires, soit sur du long terme comme « Wake-Up ! », soit de façon plus ponctuelle avec des associations locales qui ont envie de booster une thématique. Comme on est subventionné, on doit être à plus de 70% de films « art & essai » et on remarque que le public cinéphile est inévitablement intéressé par toutes ces thématiques sociétales et environnementales. On s’est donc rendu compte, au fur et à mesure, que les deux étaient intrinsèquement liés et qu’il fallait absolument qu’on renforce ces projets-là. Dans le cas du festival Alimenterre, l’idée du Quai10 est aussi de pallier le manque de festival à Charleroi et de profiter de ce qui se fait à Bruxelles pour avoir une résonance au niveau de la Wallonie.


> PC : Tu parlais d’éducation permanente mais vous n’êtes pas répertorié, en tant qu’acteur du secteur, dans le catalogue de la FWB ?

> L.L. : Effectivement, pas encore. Ça a toujours été une volonté depuis la création du Quai10 mais on n’avait pas de profil dédié à cela dans l’équipe. On a fait muter un poste d’animateur « grand public » vers un profil spécifique d’éducation permanente. C’est donc Manon, notre nouvelle collègue, qui va être en charge de constituer le dossier. Mais avant cela, il faut créer des événements pour avoir des éléments à mettre dedans. C’est un projet qui nous tient à cœur et qui fait vraiment sens. Il y a quelques années, on est passé du Parc au Quai, l’équipe a doublé en termes d’effectif et on s’est rendu compte qu’on avait jamais réfléchi à qui on était, ce qu’on voulait faire, pourquoi on le faisait, etc. Pour nous tous, l’objectif était de créer du lien social et l’éducation permanente permet justement d’aller à la rencontre des publics, qui ne sont pas du tout acquis et pour qui notre programmation n’est pas toujours hyper attractive… Il faut donc qu’on aille les chercher !

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Crédits : Quai10

> PC : Vous organisez ponctuellement des événements, à l’image du Festival du Film au Féminin : « Elles tissent la toile du Nord au Sud », qui aura lieu du 9 au 11 novembre 2021. Comment s’est amorcé le projet, quelles en sont les parties prenantes et quels sont, selon toi, les éléments saillants de la programmation ?

> L.L. : Ce sera la 13ème édition cette année. Le festival a été créé sur une demande du Conseil des Femmes Francophones de Belgique qui regroupe des associations comme les Femmes Prévoyantes Socialistes, Entraide et Fraternité, etc. De notre côté, on a répondu favorablement en constatant que les femmes étaient très peu présentes dans le paysage cinématographique. De même que dans notre travail quotidien, on nous proposait très peu de films de réalisatrices ou avec des thématiques féministes. C’était une vraie volonté pour nous de pouvoir valoriser ça, d’où la création du festival. Cette année, on a une chouette programmation car, pour quasiment chaque projection, on a réussi à obtenir la présence de l’équipe du film, ce qui est une vraie valeur ajoutée. On a la chance de travailler depuis toujours avec un animateur cinéma de la Province du Hainaut qui prend en charge ces débats avec notre nouvelle collègue de l’éducation permanente. On aura par exemple Shams, un court métrage de Pauline Beugnies qui est une réalisatrice carolo ou encore #SalePute, le documentaire de Myriam Leroy et Florence Hainaut autour du cyber-harcèlement.


> PC : Vous semblez avoir développé un solide volet éducatif, à la fois scolaire et extra-scolaire. Peux-tu nous parler du réseau
« Écran Large sur Tableau Noir » – ce dispositif pédagogique mis en place en vue d’initier la jeunesse au cinéma – et expliquer comment le Quai10 s’y insère ?

> L.L. : C’est une initiative des Grignoux et du Parc Distribution qui est un distributeur de films Art & Essai. Ils ont créé un réseau de salles, en Wallonie et à Bruxelles, qui permet de pouvoir diffuser des films qui ne font pas partie des circuits mainstream jeune public car on n’est pas sur du Disney, Pixar, etc. L’avantage d’« Écran Large sur Tableau Noir », c’est que pour chaque projection, il y a un dossier pédagogique et ça permet aux professeurs de pouvoir aller un peu plus loin que la simple projection du film. L’objectif est d’éduquer les enfants à aller voir autre chose que ce que les parents peuvent leur proposer. Dans une logique pérenne, en les responsabilisant et en leur montrant des choses différentes maintenant, peut-être que ça les conscientisera à aller voir d’autres choses au cinéma que ce qu’on leur prémâche via la télé et les grosses productions… Sans cracher sur les blockbusters, qu’on programme également au Quai10 !

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Crédits : Quai10

> PC : A travers votre « Espace Jeu Vidéo », vous mettez en place des ateliers destinés à un public scolaire et associatif. Quelles sont les thématiques abordées et que peuvent espérer y apprendre les participants ?

> L.L. : Le Quai10 s’est installé dans l’ancien bâtiment de la Banque Nationale. C’est la Ville de Charleroi qui a repris ce bâtiment en lui donnant trois destinations : du cinéma, du jeu vidéo et de l’art numérique. L’ASBL Le Parc a rempli le cahier des charges et a remporté le marché. C’est comme ça que nous sommes arrivés ici, sans être spécialistes du jeu vidéo, à la base. On a donc engagé des gens spécialisés dans le domaine et qui ont développé six animations pédagogiques à destination de groupes composés d’une vingtaine d’élèves. Ils ont alors développé des thématiques diverses comme la coopération, les métiers du jeu vidéo, le harcèlement scolaire, … L’idée est de pouvoir faire venir les écoles chez nous et que les élèves suivent ces ateliers en utilisant le jeu vidéo. Ce à quoi on les fait jouer, ce n’est pas du « serious game », ces jeux qui ont été créés à la base avec une volonté de développer un contenu pédagogique. Ce qu’on propose, c’est plutôt des jeux qui ont été conçus dans un but de sensibilisation, de divertissement, etc. mais qui, à travers l’animation mise en place, vont se mettre au service de la thématique qu’on veut traiter ! Un exemple super parlant, c’est un jeu qui s’appelle « Papers, please » et qui invite le joueur à incarner un rôle de douanier. Sur présentation d’un passeport, il doit décider si la personne peut ou non traverser la frontière… C’est à travers ce genre de dispositifs qu’on parvient à les faire réfléchir !


Propos recueillis par Simon Delwart

> Site web du Quai10

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